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PRISE DE LA BASE MILITAIRE REGIONALE DE BAGA AU NIGERIA : Nouvelle boulevard pour Boko Haram


La saga meurtrière de Boko Haram se poursuit. Au fur et à mesure que le temps passe, Boko Haram  gagne du terrain, indifférente  aux stratégies, du reste  inefficaces, qu’élaborent les différents états-majors des armées de la sous-région. Comme un fauve qui éprouve un plaisir cynique à traumatiser ses proies avant de les dévorer, la secte islamiste  Boko Haram   confisque chaque fois un nouvel espace du territoire nigérian.  Cette fois-ci, c’est à nouveau un  camp militaire, ou plutôt, une base militaire stratégique, située à Baga au nord du Nigeria, qui   vient de tomber sous l’autorité de Abubakar Shekau et de ses hommes.  Une nouvelle prise qui  soulève de nombreuses interrogations et autant d’inquiétudes au sein des populations des pays confrontés directement à la furie meurtrière de ces illuminés. Des inquiétudes   du reste partagées par la Communauté internationale qui, depuis l’enlèvement des jeunes collégiennes de Chibock,  s’était engagée à apporter un soutien déterminant au gouvernement de Goodluck Jonathan.

Baga est une localité située à cheval sur plusieurs pays frontaliers, et c’est pourquoi sa chute a de quoi donner des soucis à la Communauté internationale. En effet, en tenant Baga, Boko Haram étend  désormais sa menace de manière plus  effective sur  le Cameroun, le Niger et le Tchad, sans compter le Nigeria où chacune de ses sorties est désormais considérée comme une balade de santé dans  un champ de maïs. En  contrôlant la base stratégique de Baga, Abubakar Shekau et ses hommes « ont désormais le contrôle de Gwoza, Bama, Banki, Sigal, jusqu’à Abadam, c’est-à-dire, tous les districts à la frontière du Niger, du Cameroun et du Tchad. » La prise de la base stratégique de Baga doit amener la Communauté internationale à prendre toute la mesure du danger qui menace l’ensemble de la sous-région.

La chute de la base militaire   de Baga   est   un échec de plus de l’armée nigériane

Boko Haram, en s’attaquant à une base militaire de cette importance, affiche non seulement sa volonté d’étendre les frontières de son Califat, mais aussi sa détermination à ne reculer devant rien pour renforcer les bases de son pouvoir. Et, à ce propos, il y a lieu  de prendre toutes les dispositions nécessaires pour empêcher que l’Organisation de l’Etat islamiste à qui Boko Haram a fait allégeance dès les premiers instants de sa création, ne  vienne renforcer ses capacités opérationnelles par un renfort en combattants et en armes. Par ailleurs, la coalition internationale devrait, comme au Liban et en Irak, envisager des frappes aériennes ciblées dans les zones sous contrôle de Boko Haram. Mais de telles initiatives ne sauraient aboutir sans une implication effective des autorités nigérianes. Or, c’est justement là que le bât blesse. En effet, s’il y a un reproche que l’on peut faire au gouvernement de Goodluck Jonathan, c’est justement celui d’avoir jusque-là fait  plutôt preuve de laxisme et de veulerie face à cette secte. Un laxisme qui commence d’ailleurs à agacer sérieusement la communauté internationale, à commencer par le Cameroun dont les autorités ne décolèrent pas devant ce qu’elles qualifient de manque d’engagement de l’Etat fédéral.

Si la chute de la base militaire sous-régionale de Baga peut être considérée comme un échec de la sous- région, elle est avant tout un échec de plus de l’armée nigériane et un échec personnel du président du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui, jusque-là, et en dépit des nombreuses suggestions de la part des autres pays, refuse toujours d’ouvrir une enquête au sein de la hiérarchie militaire de l’armée nigériane sur qui pèsent de forts soupçons de corruption et de complicités qu’entretiendraient certains généraux avec  Abubakar Shekau et sa bande de tueurs sans état d’âme. De quoi donc a peur Goodluck Jonathan ? Qu’est ce que cela lui coûte vraiment d’ouvrir une enquête,  si tant est qu’il n’ait rien du tout à se reprocher ? Et pourquoi a-t-il subitement interrompu le programme de formation que l’armée américaine dispensait aux soldats nigérians ? Autant de questions auxquelles il faut apporter une réponse, si on veut savoir comment Boko Haram a réussi à s’ouvrir cette nouvelle fenêtre de tirs à Baga.

Dieudonné MAKIENI


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