HomeA la uneRETRAIT DES TROUPES DE LA CEDEAO DE LA GUINEE-BISSAU : Assurer à tout prix le service après-vente

RETRAIT DES TROUPES DE LA CEDEAO DE LA GUINEE-BISSAU : Assurer à tout prix le service après-vente


 

C’est une info qui suscite beaucoup d’appréhension dans certains milieux en Guinée-Bissau. En effet, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) entamera dès demain 28 avril 2017, le retrait de ses troupes du pays de Nino Vièra et ce, après cinq ans de « bons et loyaux services ». Car, faut-il le rappeler, c’est grâce à la CEDEAO que la Guinée- Bissau, depuis l’assassinat du président Nino Vièra, n’a pas sombré dans le chaos ; tant l’armée qui faisait la pluie et le beau temps, se croyait tout permis. En plus d’être trempée dans les trafics et contrebandes de tout genre, l’armée  bissau-guinéenne, avant l’arrivée des troupes de la CEDEAO, avait la haute main sur tout. Pour un rien, elle tue, advienne que pourra. C’est donc dans ce contexte que la CEDEAO, prenant toute la mesure du péril, avait décidé depuis mai 2012, de déployer 500 policiers, gendarmes et militaires, essentiellement des Nigérians, des Sénégalais et des Burkinabè, pour sécuriser le fragilissime processus de transition politique en Guinée-Bissau, avec pour rôle de s’occuper de la protection des personnalités et des édifices publics. Cinq ans après, quel bilan peut-on en tirer ? C’est la question que l’on est en droit de se poser. D’entrée de jeu, on peut se féliciter du fait que durant tout le séjour des forces ouest-africaines à Bissau, on n’a entendu parler  ni d’assassinat ni de coup d’Etat militaire. Et à ce qu’on dit,  la réforme de l’armée, amorcée sous les auspices de la CEDEAO, est en marche; certains hauts gradés ayant déjà été mis à la retraite de façon anticipée. Mais qu’à cela ne tienne ! La Guinée-Bissau est encore loin d’être un Etat stable, politiquement parlant.

Les forces armées bissau-guinéennes pourraient jouer les trouble-fêtes

 

Car, depuis août 2015, le pays traverse  une crise politique grave qui, en dépit de plusieurs tentatives de médiation, persiste. Tout est parti, en effet, de la destitution par le président José Mario Vaz de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira. Or, tous les deux hommes appartiennent au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC). Mandaté par ses pairs de la CEDEAO, le médiateur Alpha Condé est parvenu à arracher un accord avec tous les acteurs bissau-guinéens ; d’où la nomination de Umaro Sissoco Embalo, elle-même rejetée par le PAIGC. Et c’est dans ce contexte de turbulences politiques que la CEDEAO annonce le retrait de ses troupes, suscitant craintes et appréhensions. A juste titre d’ailleurs. Car, une fois que les troupes ouest-africaines auront plié bagage, les forces armées bissau-guinéennes pourraient jouer les trouble-fêtes en soufflant le chaud et le froid. Et là, elles ont un argument tout trouvé : l’incurie de la classe politique qui a fini par prendre en otage la vie de toute la nation bissau-guinéenne. A preuve, cela fait bientôt deux ans que le pays est sans gouvernement et que l’Assemblée nationale se trouve bloquée, à telle enseigne que le nouveau Premier ministre n’arrive même pas à présenter sa déclaration de politique générale. En tout cas, tous les efforts de la CEDEAO risquent d’être vains, si elle s’en va de la Guinée-Bissau sans assurer le service après-vente. Certes, elle a déjà donné de la voix en menaçant de « sanctions adéquates » tous ceux qui entraveraient la mise en œuvre de l’accord de Conakry, mais encore faut-il qu’elle ait les moyens de sa politique.

B.O


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