HomeFocusSITUATION NATIONALE :Qui a ordonné de tirer à balles réelles sur le peuple ? (1)

SITUATION NATIONALE :Qui a ordonné de tirer à balles réelles sur le peuple ? (1)


Dans un Etat moderne, un Etat de droit, une république digne de ce nom, les rôles  régaliens  dévolus  à une armée et à la  police sont respectivement la défense du territoire national et la sécurité  intérieure. Or,  suite à l’insurrection populaire  du 30 octobre dernier, qui a conduit  à la chute du régime Compaoré, des dizaines de  morts ont été dénombrées ainsi que plusieurs blessés  parmi les manifestants  tombés sous les balles assassines  des forces de défense et de sécurité burkinabè.

Et le seul tort de ces victimes et de tous ces nombreux Burkinabè sortis ce jour-là, a été d’avoir manifesté leur ras-le-bol de ce régime qui, à leurs yeux, se refusait à appliquer franchement les règles de la démocratie. Le dimanche 3 octobre 2014, le peuple burkinabè, sentant que l’armée voulait lui ravir sa révolution, est encore sorti pacifiquement dans la rue, bravant, une fois de plus, les risques de subir le courroux de l’armée burkinabè. La suite, on la connaît : un  mort sur le carreau,  dans l’enceinte de la télévision nationale.

Cette comptabilité macabre montre à quel point notre armée a failli. Elle a failli d’autant plus qu’elle avait en face d’elle un peuple certes déterminé, mais aux mains nues et qui n’avait pour seule arme que sa volonté de prendre son destin en main.

Cette attitude de l’armée burkinabè écorne grandement son image, elle qui est supposée être républicaine et donc censée protéger le peuple et regagner ensuite les casernes. Par ailleurs, elle aurait intervenu dans une situation où la défense du territoire national était menacée, qu’on aurait compris. Or, on n’en était pas là.

Seulement, on est au Burkina Faso où,  comme dans bien des républiques bananières, l’armée est plus au service  des gouvernants  que des peuples. On peut être en tout cas quasi certain que le bilan aurait pu être encore plus lourd, si l’occupant du palais de Kosyam de l’époque n’avait pas pris la décision de prendre la route de l’exil.

 

Les responsabilités doivent être situées

 

Cela dit, des rumeurs persistantes  ont fait état de la présence de soldats togolais au  Burkina, venus prêter main forte aux soldats de la garde présidentielle. Vrai ou faux ? Si l’information est avérée et si effectivement ces militaires étrangers ont ouvert le feu sur les manifestants, alors qui a donné l’ordre de tirer  à balles réelles sur les croquants ?  Que l’armée  ne vienne pas dire qu’elle n’y est  pour rien.  Elle  assume, quoi qu’on dise, la responsabilité morale  des tueries.

Et puis, pourquoi utiliser des balles réelles ? Les gaz lacrymogènes, les matraques et les canaux à eau froide auraient suffi à disperser ces manifestants. A ce qu’on sache, le Burkina  n’était pas face à une agression extérieure !

En tout cas,  les responsabilités doivent être situées. Le peuple burkinabè a le droit de savoir qui a ôté la vie à ces  Burkinabè.

Autrement, on aura l’impression que l’impunité s’installe à nouveau, dès les premières heures de l’après-Compaoré.

Et puis, quid de la police et de la gendarmerie nationales ? Elles seules auraient pu gérer l’affaire avec beaucoup de professionnalisme et d’humanité.  

Croisons les doigts pour que plus jamais ce genre de situations ne se reproduise  au pays des hommes intègres. En attendant, l’armée burkinabè devrait avoir pour souci de contribuer, aux côtés de la justice, à faire la lumière sur ces faits hautement graves, plutôt que de se cramponner à sa volonté de gérer une transition  qui est loin de rencontrer l’assentiment d’une grande partie du peuple, lequel a le sentiment qu’on veut lui ravir sa révolution.

 

Ben  Issa TRAORE

 

1- Cet article a été repris parce qu’il a été mal imprimé dans notre édition du mardi 4 novembre 2014


Comments
  • Pardon, oui, mais justice d’abord !!

    4 novembre 2014
  • On doit finir définitivement avec l’impunité. Les députés de la MAJORITE et les membres du gouvernement doivent être rechercher et juger pour haute trahison et outrage à la nation. L’ancien chef de l’Etat doit être jugé pour parjure.
    C’est une leçon à laisser à l’histoire et aux générations futures.

    5 novembre 2014
  • Pourquoi l’etranger doit toujours etre le bouc emissaire? l’insinuation au sujet des soldats togolais est malsaine. Quid des exactions de vos sbires en CI?

    6 novembre 2014
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    20 novembre 2014

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