HomeFocusSORTIE DU PRESIDENT DE LA HAAC AU BENIN : Heureusement qu’il s’est ravisé

SORTIE DU PRESIDENT DE LA HAAC AU BENIN : Heureusement qu’il s’est ravisé


Il s’appelle Adam Boni Tessi ; son nom ne dit pas grand-chose aux lecteurs, tant il est   inconnu du grand public. Mais qui est-il alors ? C’est le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) au Bénin, qui est le symétrique du Conseil supérieur de la communication (CSC) au Burkina Faso. C’est cet homme qui, on ne sait trop pour quelle raison, est allé plus loin dans l’exercice de son pouvoir, en interdisant aux médias béninois de rendre compte de la polémique actuelle qui enfle autour de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI). Rappelons que cette structure chargée de l’organisation des élections, cristallise depuis peu, beaucoup d’attention, notamment depuis l’annonce du report des législatives pour improprété du fichier électoral. C’est peu de dire qu’en pareilles circonstances la presse béninoise en fait ses choux gras ; elle qui, par des éditos au vitriol ou par des déclarations virulentes d’hommes politiques, n’a de cesse de dénoncer une manœuvre du pouvoir du président Boni Yayi pour chercher à gagner du temps. Ce qui est sans doute normal dans une démocratie, puisqu’on le sait, sans la presse, le vice serait toujours présenté comme une vertu et les dictateurs applaudis comme des héros. Cela dit, on se demande ce qui a bien pu pousser le président de la HAAC à s’offrir en spectacle, en annonçant une mesure aussi impopulaire que liberticide. S’agit-il là de l’expression d’un zèle dans le but de faire plaisir aux dirigeants béninois ? On est tenté de répondre par l’affirmative, dans la mesure où l’on sait qu’en Afrique, la plupart des présidents d’institutions sont généralement animés par un souci commun : le devoir de redevabilité au chef de l’Etat à qui ils doivent leur poste. Et c’est cet esprit de servitude qui les pousse malheureusement à de graves dérives susceptibles de compromettre même certains acquis démocratiques parfois arrachés de haute lutte.

Il faut saluer la réaction des professionnels des médias et des partis politiques

En tout cas, c’est ce que pourrait laisser comprendre l’attitude du gendarme de la presse béninoise, qui s’est permis de prendre une mesure d’une telle portée, sans en avoir informé ses pairs. Pour un dérapage, c’en est vraiment un ; heureusement que le sieur Adam Boni Tessi a vite battu en retraite, déclarant lui-même qu’il avait commis une maladresse. C’est tout à son honneur. Car, comme le dit un adage, le sage n’est pas celui-là qui ne se trompe pas, mais celui qui, après s’être trompé, accepte de se remettre en cause. Du reste, d’autres personnes à la place de Boni Tessi, auraient pu,  par orgueil ou par suffisance, tenir mordicus en interdisant aux médias de parler du débat sur la LEPI. Toute chose qui aurait été perçue comme un grave recul démocratique, dans un pays comme le Bénin qui présente beaucoup de signes positifs en terme de gouvernance politique.

C’est en cela qu’il faut d’ailleurs saluer la réaction des professionnels des médias et des partis politiques qui ont fermement condamné cette décision de la HAAC, qui ressemble à tous points de vue à une tentative de caporalisation de la presse au Bénin. Peut-être est-ce pour cette raison que Boni Tessi est revenu sur sa décision, même si, à l’heure où nous tracions ces lignes, il n’avait pas encore rendu public un nouveau communiqué qui abroge officiellement cette disposition comme le réclament les professionnels des médias béninois. On espère en tout cas qu’il s’exécutera le plus tôt possible.

Boundi OUOBA


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