SOUPÇONS DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX : Le CED dit ne pas comprendre le silence de certaines OSC
Le Cadre d’expression démocratique (CED), une organisation de la société civile, a organisé une conférence de presse le vendredi 18 mars dernier au Centre national de presse Norbert Zongo (CNPNZ). Au menu des échanges avec les journalistes, les dernières révélations sur les soupçons de blanchiment d’argent sous la Transition.
« L’objet de cette conférence de presse est de nous prononcer sur l’actualité nationale. Nous constatons qu’on parle beaucoup ces derniers temps de détournement d’argent, d’attributions frauduleuses de parcelles. Donc, il est de notre devoir en tant que mouvement de veille, d’interpeller le gouvernement afin qu’il puisse éclairer la lanterne des Burkinabè qui ont soif de justice ». Ces propos ont été tenus par Abraham Badolo, l’un des leaders du Cadre d’expression démocratique. Au cours de cette conférence de presse, les responsables du CED ont montré une inhabituelle virulence vis-à-vis des OSC, du pouvoir et de la Transition. C’est ainsi que concernant les récentes révélations, notamment l’affaire de parcelles et les soupçons de blanchiment d’argent portant sur la somme de 86 milliards dont des personnalités de la Transition sont accusées, les leaders du CED ont exigé que toute la lumière soit faite. Ils ont par ailleurs réclamé de l’Etat burkinabè qu’il rende publique la liste de tous ceux qui y sont impliqués, demandé la publication du relevé de compte du cabinet militaire et souhaité que les moyens soient mis à la disposition de l’ASCE/LC et la Justice pour poursuivre tous ceux qui ont indûment pris un centime de franc ou un Cm2 de domaine public burkinabè. « Considérant que les dispositions de l’article 73 de notre Constitution stipulent que “pendant la durée de leurs fonctions, les membres du gouvernement ne peuvent directement ou indirectement acheter ou prendre part à bail tout ce qui appartient à l’Etat”, nous exigeons sans délai la publication de la liste des 18 bénéficiaires, l’annulation pure et simple de l’attribution des parcelles, et que les responsabilités soient situées sur cette violation de disposition constitutionnelle en vue de poursuites judiciaires », ont-il martelé .
Le CED se félicite de l’abrogation du décret de nomination de Yacouba Isaac Zida
Mais d’ores et déjà, le CED se félicite de l’abrogation du décret de nomination de Yacouba Isaac Zida comme ambassadeur et du limogeage du Directeur général de la SONATUR. Par ailleurs, les responsables du CED s’insurgent contre la reconduction du ministre René Bagoro dans le gouvernement actuel car, estiment-ils, celui-ci va user de son autorité pour camoufler certaines vérités. Face à tous ces manquements constatés, ils s’étonnent du mutisme de certaines OSC. Elles qui, il n’y a pas si longtemps, faisaient feu de tout bois pour réclamer plus de justice et de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, ont décidé de faire profil bas. « Est-ce parce qu’elles sont aussi mouillées et impliquées ? », se sont interrogés les responsables du CED. A la question de savoir ce que le CED pense du phénomène des Koglwéogo, la réponse des conférenciers a été catégorique et sans équivoque : « Boko Haram a commencé comme les Koglwéogo, la rébellion en Côte d’Ivoire a aussi commencé comme les Koglwéogo. Les Koglwéogo sont à bannir dans un Etat de droit. Nous pensons qu’il faut doter nos Forces de l’ordre de moyens afin qu’elles puissent mener à bien leurs missions. Sinon les conséquences à long terme risquent de desservir le pouvoir en place ». Pareil pour le possible déploiement d’éléments du GIGN à Ouagadougou que le CED assimile à une force d’invasion. « Nous n’avons pas besoin d’une force étrangère pour nous défendre. Nous estimons que notre armée est capable de le faire. Pourvu qu’elle soit bien formée et bien équipée », indiquent ses responsables. Le CED interpelle le gouvernement sur la nécessité de se montrer ferme. « Cette exigence de transparence vaut pour tous les domaines. En effet, dans ce contexte préélectoral, il nous a été donné de lire que dans certaines localités, certaines formations politiques n’ont pas pu déposer dans les délais leurs dossiers de candidature. Ce qui est différent de dépôts incomplets. Aussi la CENI est-elle interpellée. Il ne faut donc pas que par des contorsions, on torde le coup à la loi électorale », a-t-il laissé entendre. Pour terminer, les conférenciers ont manifesté leur solidarité au peuple frère de la Côte d’Ivoire qui a été victime d’une attaque terroriste le 13 mars dernier et ont appelé à une solidarité internationale pour faire face à cette nébuleuse que constituent AQMI et tous ses démembrements.
Seydou TRAORE