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RECONCILIATION NATIONALE


 

 

L’Union pour la république (UPR), à travers la déclaration ci-dessous, appelle l’ensemble des Burkinabè à désarmer les cœurs. Car selon elle, on ne peut rien construire dans la division, d’où la nécessité d’aller vers la réconciliation nationale, la vraie, à l’instar de celle qui a permis à l’Europe d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Lisez !

Depuis la création de notre parti en juillet 2004, nous avons toujours donné notre point de vue en fonction de notre intime conviction sans présager de ce que d’autres partis politiques peuvent en penser ou en dire. Nous ne dérogerons pas à cette vision en ces moments très difficiles pour notre pays. Nous nous posons la question de savoir si nos compatriotes dont le trait de caractère dominant est l’égoïsme, vont, au regard de la situation actuelle du Burkina Faso, se départir un moment de cet égoïsme pour réfléchir et agir pour l’intérêt du pays. Il y a un proverbe qui dit que « quand on parle de maux d’yeux, c’est parce qu’il y a la tête ».
Aujourd’hui, la tête qui est le Burkina Faso est menacée et chacun veut « s’atteler à soigner ses yeux ». Quelle démagogie ! Nous refusons de nous inscrire dans cette logique de démagogie.
Il ne se passe pas de jour où l’on ne parle d’élections, feignant d’ignorer que sans apaisement, il n’y a point d’élections crédibles. Nous savons tous ce que génèrent les élections contestées, nul besoin d’en dire plus. Le Burkina Faso est divisé sur le double plan politique et social.
De l’extérieur, tout le monde voit que le Burkina Faso est très divisé, que les rancunes sont tenaces et la vengeance entre anciens collaborateurs est réfutée, mais ce n’est pas une vue de l’esprit.
Nous en voulons pour preuve la déclaration de la très respectée Mme Merkel lors de sa visite dans notre pays. Elle a considéré que la réconciliation entre TOUTES LES FILLES ET TOUS LES FILS DU Burkina Faso est un préalable indispensable à tout espoir de sortir victorieux du combat que nous livrons contre les forces du mal. Elle qui, jadis faisait partie d’une Allemagne divisée par un mur, est devenue la chancelière d’une Allemagne unifiée alors qu’elle était de l’Allemagne de l’Est, juste parce que la cupidité des hommes leur avait fait ériger un mur pour séparer des frères et sœurs.
Mme Merkel dont le pays était au centre de la guerre dite mondiale, lequel pays a occupé la France pendant un moment. Ce sont à présent l’Allemagne et la France que l’on qualifie à juste titre de couple Franco-allemand qui constitue « le moteur économique et politique de l’Europe ». Qui mieux que cette grande dame sait que seule la réconciliation permet à des citoyens d’un même pays, voire un même continent, de faire face à l’adversité et de triompher inéluctablement ? Si elle a éprouvé le besoin de nous le dire en face, il nous reste à tirer les bénéfices de cette déclaration plus que pertinente.
Nous constatons que le président français, Emmanuel Macron, après avoir reçu le Premier ministre libyen, a reçu par la suite le Maréchal Haftar pendant qu’il y a des affrontements sanglants autour de Tripoli. Très certainement pour tenter une réconciliation entre les parties.
Nous sommes étonnés que dans le cas du Burkina Faso où la situation est moins complexe, cette même France n’ait jamais parlé de réconciliation. En tout cas pas de façon publique à notre connaissance, même si elle fait partie de l’Union européenne.
Bien entendu, nous ne voulons rejeter la cause de nos maux sur aucun partenaire parce qu’il nous incombe au premier chef de régler nos problèmes internes, mais nous nous interrogeons. La France, à notre avis, au- delà de son engagement militaire en Afrique, devrait jouer un rôle de prévention par le dialogue et la réconciliation là où les crises surviennent.
Nous nous souvenons encore de la visite du président français au Burkina Faso et de son discours à l’université Pr Joseph Ki-Zerbo. A aucun moment il n’a été question de réconciliation entre Burkinabè, et pourtant le contexte s’y prêtait.
L’Europe est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à la réconciliation franco-allemande et aux jumelages entre villes, instauré après la guerre pour rapprocher les peuples meurtris par cette page sombre de l’histoire de ce continent.
Nous avons lu le rapport de l’UE et ce que nous en retenons comme condition de mise en œuvre des autres points de ce rapport, est encore la réconciliation de tous les Burkinabè. Il ressort également que lors du plaidoyer fait par notre pays auprès des Nations unies pour le renforcement du G5 Sahel, des membres de cette organisation mondiale sont revenus sur l’impérieuse nécessité de nous réconcilier avec nous-mêmes, avant d’espérer l’efficacité d’un quelconque appui extérieur.
Ils ont jugé que quels que soient les soutiens extérieurs, s’ils adviennent dans un contexte de pays fortement divisé, cela ne produira pas les effets escomptés. Partant du principe que l’on ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un à sa place, le moment est venu, à notre sens, de revoir nos positions extrémistes pour aller vers une vraie réconciliation. Nous ne pouvons pas en faire l’économie puisque cette réconciliation est devenue vitale. Quels que soient les ingrédients que nous y mettrons, il faut y aller en nous disant qu’il y a eu pire ailleurs (cas ci-dessus évoqués entre autres) et que cela n’a pas empêché ces pays et ces peuples de s’en sortir. Les divisions et les subdivisions ne peuvent mener qu’à la désolation. Dans notre pays, la division n’est pas due à des problèmes ethniques, religieux ou régionaux. Du moins pas encore et c’est justement une aubaine pour nous. Une occasion à saisir courageusement pour parvenir à « la réconciliation des braves ». Dans le cas du Burkina Faso, la réconciliation nous semble plus aisée à faire pour peu que chacun y mette du sien. Qu’est ce qui a tant divisé les Burkinabè au point que cela soit visible même de l’extérieur ? La réponse est bien connue. C’est le pouvoir politique. Quels en sont les acteurs ? Ils sont tous connus. Que faut-il faire ? D’abord qu’ils se parlent tous sans exception. Ensuite qu’ils se réunissent en un lieu pour envoyer des messages forts à leurs partisans dans le sens d’aller de l’avant, en assumant notre histoire comme d’autres ont assumé les leurs sans préjudice du passif. La chance que nous avons au Burkina Faso, c’est qu’il y a une ethnie ultra dominante qui, en nombre de citoyens, est égale ou supérieure à toutes les autres réunies. Qu’en terme de position géographique, celle-ci se retrouve disséminée sur l’ensemble du territoire.  Il n’y a donc pas de zone du pays occupée par une ethnie qui « rivalise en nombre » avec l’ethnie majoritaire, écartant du même coup un risque d’opposition en fonction de l’ethnie ou de la région d’origine.  Aucun projet de conflit du genre ne peut prospérer. Ce qui n’est pas le cas dans certains pays qui ont vécu ce genre d’évènements malheureux. Dans notre pays, le risque se situe toujours et encore du côté du pouvoir politique. Quand un conflit dit intercommunautaire perdure, généralement il y a une manipulation politique en arrière plan. Nous excluons les cas dus aux terroristes qui n’obéissent qu’à leur vision erronée mais radicale de ce que doit être la planète terre selon eux.  Au sein des communautés religieuses, l’on retrouve la même configuration ethnique du pays qui dissipe systématiquement tout repli sur soi, au regard de la pratique religieuse. Quand nous affirmons que la réconciliation est plus aisée à faire au Burkina Faso qu’ailleurs, c’est en parfaite connaissance de cette sociologie favorable qui est un atout indéniable. Reste à l’exploiter afin d’en faire un tremplin pour vivre ensemble dans l’harmonie et la paix des cœurs.
La parenté à plaisanterie devrait nous y aider si elle est promue et valorisée. Quelle chance ! Encore faut-il en mesurer la portée et l’exploiter à bon escient.
En matière de réconciliation, nous pouvons nous inspirer de la Bible (Mathieu 5 20-26) qui traite du sujet et particulièrement de l’homélie de Saint Jean Chrysostome au peuple d’Antioche……..V23-24 : « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande ». C’est dire quelle est l’importance de la réconciliation, au-delà de nos appréciations humaines. Nous devons savoir ce qui nous reste à faire pour que nos vœux de vivre ensemble soient exaucés au regard de cette prescription plus que millénaire. Il faut arrêter « d’enrober les mots » pour leur donner le sens qu’ils n’ont pas ou faire passer des messages différents de ce que nous pensons. Il faut mettre tous « les sujets sur la table » et en discuter pour s’accorder une fois pour toutes sur l’essentiel. En ce qui concerne notre parti, il a toujours gardé son autonomie, même quand il contribue à une réflexion d’ensemble. A l’UPR, nous essayons de proposer chaque fois ce qui nous semble le moins mauvais, quand nous devons prendre position. Guidés par l’esprit républicain, nous nous sommes toujours trompés quand nous adoptons une autre posture.
Cette expérience nous commande de revenir à nos fondamentaux, à savoir la liberté de penser sans forcément chercher à plaire ou déplaire.  L’intérêt de la République est pour nous au-dessus des ambitions partisanes. Du peu que nous savons de lui, nous sommes convaincus que le président Roch Marc Christian Kaboré est en mesure de mener à bien la réconciliation nationale, d’où notre appel public dans ce sens. Pour ce faire, il devra demeurer le patriote pondéré et humaniste reconnu comme tel, même par ses adversaires politiques. Nous souhaitons que les extrémistes de tous bords mettent leur orgueil de côté, deviennent humbles et attentifs aux « cris de la mère patrie » pour aller à la réconciliation avec tous nos frères et toutes nos sœurs pour le bonheur du Burkina Faso. Nous passerons tous, mais la République demeurera. Elle survivra à la présente génération comme à la précédente. Notre responsabilité collective est de ne pas léguer un pays divisé à la génération qui prendra le relais pour poursuivre sa construction.  Puisse Dieu et les mânes de nos ancêtres entendre nos supplications et toucher les cœurs des Burkinabè pour parvenir à léguer un pays uni et solidaire aux générations futures.

Liberté-Solidarité-Justice

Pour le Bureau Exécutif National
Le Président

Maître Toussaint Abel COULIBALY
Commandeur de l’ordre National

 


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