HomeDroit dans les yeuxREFORME DE L’ORTHOGRAPHE FRANÇAISE : Souci de faciliter l’apprentissage ou réflexe de survie

REFORME DE L’ORTHOGRAPHE FRANÇAISE : Souci de faciliter l’apprentissage ou réflexe de survie


La langue de « nos ancêtres les Gaulois » a largement évolué au cours des siècles et son orthographe a fait l’objet de plusieurs réformes. La réforme qui est d’actualité porte sur des rectifications orthographiques en rapport avec les noms composés, l’accent circonflexe, l’accent grave et l’orthographe lexicale, etc.

Par exemple, la nouvelle orthographe admet que l’on écrive « ‘’Ognon’’ (oignon)  ‘’cout’’ (coût)  ‘’portemonnaie’’ (porte-monnaie). Il faut apporter la précision que les nouvelles graphies ne rendent pas pour autant caduques les anciennes. Pour le même mot, les deux orthographes peuvent désormais être utilisées sans que cela n’effarouche les enseignants de la langue française. Mais encore faut-il que ces derniers aient l’information juste pour faire leur travail dans les règles de l’art ! Ce qui n’est pas évident, puisqu’au niveau même de l’Hexagone, les choses tardent à connaître un début d’exécution. Et pour cause. Les puristes s’insurgent contre ce qu’ils considèrent comme un « assassinat » de la langue française. Pour eux, certaines graphies jugées aléatoires par certaines personnes, trouvent leur justification dans l’étymologie des mots. Les mots français ont donc leur histoire. Pour mieux comprendre leur graphie, il faut faire l’effort  de remonter à leur origine latine ou grecque. En voulant donc simplifier les choses, on tue le goût de l’effort dans l’apprentissage de l’orthographe en particulier et dans celui de la langue française en général. Cette réforme a donc ses détracteurs affichés du côté de la France. L’un d’eux est l’actuelle secrétaire perpétuelle de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse.  Celle-ci, visiblement indignée devant ces rectifications orthographiques, qui, pourtant, datent de 1990, a laissé entendre ceci : « L’opinion refuse que la langue soit manipulée, instrumentalisée, et c’est très réconfortant. ». Et d’ajouter : «  Incontestablement, la langue est une part essentielle de notre identité. Comment accède-t-on au savoir ? Par la lecture, par l’écriture et par la capacité de s’approprier ce savoir ».

 

Le français est en train de se rétrécir comme peau de chagrin

 

Ceux qui partagent ce point de vue puriste pourraient se recruter au- delà des frontières françaises. En effet, en Afrique francophone par exemple, l’on peut parier que des gens d’une certaine génération (la génération qui a connu le symbole et qui percevait l’orthographe comme un dogme) peuvent être choqués devant ‘’Nenufar’’ au lieu de ‘’Nenuphar’’. Pour eux donc, la réforme de l’orthographe française pourrait s’inscrire dans le paradigme de la promotion de la pédagogie de la paresse et de la facilité. Face à ces partisans déclarés de ‘’Ne touche pas à mon orthographe’’  se trouvent des gens qui pensent plutôt que les rectifications orthographiques participent du souci de ceux qui en ont eu l’initiative, de faciliter l’apprentissage de la langue française. Sans vouloir trancher le débat en leur faveur, l’on peut néanmoins faire le constat suivant : l’orthographe française est un véritable casse-tête pour bien des apprenants. Une des raisons est que la langue française est truffée, peut-on dire, de “graphies” dont la logique peut être difficilement expliquée à un apprenant. Les mots qui peuvent être cités pour illustrer cette réalité sont légion. On les retrouve essentiellement dans le domaine de l’orthographe lexicale. Si l’on peut simplifier les choses à ce niveau, de sorte à réduire les difficultés d’apprendre la langue française, cela n’est pas mauvais en soi. Et ce d’autant plus que ces réformes ne touchent pas aux règles de syntaxe et de conjugaison. L’on peut par conséquent s’en accommoder. Cela dit, la véritable motivation de cette réforme orthographique pourrait être liée à un réflexe de survie de la langue française. En effet, à la faveur de l’avènement des technologies de l’information et de la communication, les jeunes, notamment sont en passe d’imposer “leur orthographe” à tous les usagers de ces outils. Les autorités françaises semblent, par ces modifications orthographiques, s’inscrire dans cette dynamique. A cela, il faut ajouter que le français est en train de se rétrécir comme peau de chagrin devant l’avancée fulgurante de l’anglais. Devant ces réalités et pour se donner plus de chances de promouvoir la langue française, un assouplissement des règles orthographiques pourrait être concédé. Déjà, les Québécois n’ont pas attendu ces réformes pour choisir de “tordre le cou” à la langue française par la féminisation de certains mots qui n’existaient qu’au masculin. Aujourd’hui, ces termes se sont imposés à l’ensemble des usagers de la langue française. Des termes comme “une professeure“, “une procureure” peuvent être cités à titre d’exemple.  Somme toute, une langue qui veut résister au temps doit se donner les moyens de se renouveler. Ce n’est donc pas le français qui fera l’exception en choisissant de s’enfermer dans la tour d’ivoire des “immortels de la langue” que sont les membres de l’Académie française.

 

Sidzabda

 


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